Le séminaire

Ce séminaire est tout d’abord un effet de rencontre entre deux psychanalystes, Roland Léthier et Sonia Weber, l’un exerçant à Paris, l’autre à Strasbourg.  

Leur rencontre s’est faite autour d’un questionnement de longue date relatif à la violence, et d’autres interrogations communes sur des problématiques cliniques qui touchent aux limites de la psychanalyse, soulignant toutefois sa richesse pour penser les questions qui les préoccupaient. 

Problématiques cliniques étroitement articulées à des questions concrètes que leur posaient leurs pratiques auprès de personnes « hors du commun » dans leurs différents lieux de travail : dispositifs d’accompagnements de jeunes confiés à l’ASE, centre de soins pour personnes dites toxicomanes, milieu carcéral… 

2 textes de Roland en particulier, ont servi de base d’échange. 

Télécharger : Les stratégies de survie

Télécharger : Arpenter l'inhabitable

Nous mettons là aussi le lien vers d’autres textes de Roland Léthier, malheureusement décédé le 19 avril 2022.  

« Nombreuses fois, nombre de fois,
L’homme s’endort, son corps l’éveille ;
Puis une fois, rien qu’une fois,
L’homme s’endort et perd son corps »
René Char

Télécharger : Soulageant aura été cette folie, 

Télécharger :   Réhabilitations

Après deux années d’échanges quasi quotidiens et d’élaboration commune, a démarré à Strasbourg en 2009, le séminaire LA BALLADE des INNOCENTS.  Et un an et demi plus tard les Accompagnements Kairn verront le jour, fruit direct de ces élaborations. 

Séminaire à deux voix, qui se tiendra de 2009 à 2013. 

Automne 2013, pour des raisons de santé Roland ne peut plus se déplacer sur Strasbourg. Le séminaire se poursuit cependant, toujours dans la même veine, mais sous des dénominations différentes, selon les thématiques abordées. 

2014-2015 : TRAMALOGIE : Lire l'argument

2015-2016 : POINT-COMMUN : Lire l'argument

2017-2019 : FACONS de DIRE : Lire l'argument

2019-2020 : PRATIQUES FRONTALIERES

2020-2021 : BANALITE du MAL et AIR du TEMPS : Lire l'argument

2022-2023 : Impuissance(s): Quand "rien ne marche" ou que "ça ne sert à rien"

2023-2024 : Impuissance(s): Laisser tomber l'impuissance : Lire l'argument

Vous trouverez ici les NOTES d’un certain nombre de séances qui ont été données. NOTES et non textes définitifs, rédigés ou formatés pour être publiés. Nous avons volontairement gardé le style oral. Ce sont aussi des NOTES DATÉES, qui rendent compte d’un cheminement de pensée en cours d’élaboration, avec les lacunes, les hésitations, les contradictions parfois qui vont avec. Et nombre de points qui mériteraient d’être repris, déployés, critiqués. 

Les séances sont présentées de façon chronologique mais peuvent être lues, parcourues dans le désordre.  

Argument de départ : 

La ballade des innocents

« La violence met au travail toute culture, autrement dit provoque toute culture à sa propre énonciation dans le travail de son élaboration » (Patrick Baudry).

Nous accusons réception des questions que soulève la violence destructrice de jeunes qui fait voler en éclats non seulement leur auteur, mais également leur environnement.

Elle met à mal les institutions qui essayent de les contenir : famille, école, foyer, justice....

S’agit-il d’un nouveau malaise dans la culture ?

Ces gamins hors murs, hors normes, hors cadres, hors nosographie bien établie, comment les rejoindre, pour fabriquer quoi ?

Ils sont comme des « innocents », voleurs, menteurs, dealers, fugueurs.

« Des voyageurs sans bagages, sans patrie, sans itinéraires, qui ignorent à ce point leur statut d’étrangers qu’ils ne se sentent jamais importuns, jamais responsables, jamais insignifiants ».

Ils déconstruisent tout, et nous poussent à revisiter nombre de nos concepts psychanalytiques, notamment si nous voulons entendre quelque chose, là où la parole a bien souvent déserté la scène ou n’est pas reliée au corps.

Et de quel corps parle-t-on? Corps morcelés, souvent insensibles, sans enveloppe individuelle, pris dans une érotique sauvage.

Comment survivent ces êtres si peu parlants et tellement atteints ?

Et qu’en est-il du rapport à l’image et donc de la constitution subjective du sujet quand le miroir s’est volatilisé, ou a disparu, ou n’est jamais advenu ?

Et le rapport aux autres, au semblable ? À l’Autre ? ...

A partir de ces questions et de celles qui émergeront en cours de parcours, nous revisiterons des textes, en particulier de Freud et Lacan, pour trouver en quoi ils peuvent nous aider à penser aujourd’hui les questions que nous posent « ces innocents ».

Confrontés au fait que ceux à qui nous avons affaire nous entraînent dans des régions inconnues des arpenteurs de l’inconscient, nous essayerons, en rendant visite aux artistes, aux sociologues..., d’avancer une élaboration qui permette d’inventer d’autres socialités et de fabriquer un sol pour les déssolés.