La tyrannie du dû Actes 1 et 2

Violence et dette de vie
En crise ?
Donner/Recevoir/Rendre
Qui donne ? Qui reçoit ?Dans le travail avec les jeunes 
Être le dindon

20/10/2012
Sonia Weber

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La tyrannie du dû Actes 1 et 2

QUI VA PAYER LA CRISE ? OU LA TYRANNIE DU DÛ. Acte 1

Nous entamons notre 4ème année consécutive de séminaire. Séminaire que nous continuons à dénommer Ballade/Balade, avec comme vous avez pu le lire un changement d’appellation : Like a Rolling Stone, comme une pierre qui roule. Bal(l)ade à décliner avec un 1L comme avec 2 L.

Ballade 2L. Selon le dictionnaire historique de la langue française de Alain Rey, Ballade (2L) est emprunté à l’ancien provincial ballada qui signifie « chanson à danser, petit poème chanté », dérivé de danser (bal). De chanson à danser, la ballade devient au fil du temps un genre littéraire fixé, ainsi qu’un genre musical (les ballades de Chopin). Le dérivé balade avec 1L signifie au 16ème siècle « aller en demandant l’aumône, en mendiant ». On est passé de là à « marcher sans but, flâner » (beaucoup de jeunes sont en errance) et de nos jours (1885) à la forme pronominale « se balader » avec le sens familier de se promener. Son dérivé, baladeur a à voir avec escroc, et baladeuse avec coureuse : une main baladeuse : l’érotique n’est pas loin. On peut se balader, on peut aussi « se faire balader » et ils nous baladent effectivement pas mal tant dans la difficulté que nous avons « de les suivre » que celle de « comprendre » quelque chose de ce qui se joue pour eux…

Bal(l)ade donc. Que ce soit avec 1L ou 2L ce mot porte la dimension du corps, du corps en mouvement, du déplacement et pour la ballade avec 2L de la parole portée par le corps en mouvement dans la danse, d’un nouage donc du corps et de la parole. Ce qui ne va pas de soi du côté des jeunes qui nous préoccupent, pour qui corps et parole ne sont pas nécessairement reliés. Cette idée de bal(l)ade nous la gardons.

J’ai été amenée cet été à réfléchir à une pratique de la fréquentation et de la déambulation. Promenade péripatéticienne. L’Antiquité de langue grecque connaissait deux façons de se déplacer, la façon planétaire et la façon péripatéticienne. Les hommes se déplacent de différentes façons. Quand se promènent-ils ? Lorsqu’il advient qu’ils marchent en parlant, qu’ils songent en marchant, sans aller ici plutôt que là, c’est alors qu’ils se promènent. Voici la façon péripatéticienne, en rapport avec Diogène Laerce et l’école aristotélicienne. « Aristote voyant que la place était prise… choisit un lieu de promenade pour y philosopher avec ses disciples, en se promenant ». La promenade péripatéticienne est aussi conversation, pensée conduite par la marche, non la marche par la pensée. La marche est comme désintéressée. « Dans la promenade, le promeneur devrait errer, sans souci d’issue, d’un foyer, d’une destination. Car marcher, non arriver, c’est son fait. L’espace de la promenade est qualitatif. Tandis que l’origine du voyage est au point O et son terme au point T, l’origine de la promenade est toujours recommencée ; là où est le promeneur, là commence la promenade, c’est une expérience de qualité. »

Être avec, ensemble dans une certaine proximité. Présence silencieuse (ou sans trop de parole), constituante, tout en se déplaçant : « c’est en se déplaçant que l’on découvre » Le Corbusier. Comme si ce temps pouvait être nécessaire pour certains jeunes et qui pourrait évoquer ce que Winnicott développe dans la Capacité d’être seul (seul en présence de l’autre). Promenade péripatéticienne aussi avec la question de la transmission ou d’un partage…  D’où ma proposition faite à Jean Roth de nous parler d’un instrument de musique et de son mode de transmission : le Daf.

Nous avons lâcher les « Innocents » – du moins cette dénomination, pour les retrouver autrement : Like a Rolling Stone, comme une pierre qui roule. La mousse ne s’amasse pas, l’expérience ne fait pas trace. « Pierre qui roule n’amasse pas mousse »

Histoire de poursuivre de façon encore moins psychologisante les questions qui nous habitent. Là où les arpenteurs de l’inconscient se retrouvent devant une impuissance théorique, là où les problématiques de ces jeunes ne trouvent pas de logement dans les nomenclatures habituelles des problèmes humains. Nous arpentons des zones qui ne sont pas pavées par les concepts et la technique psychanalytiques, même si c’est peut-être un effet de la psychanalyse de pouvoir se laisser embarquer dans ces affaires-là. Elle est à même de nous aider à penser ces questions, supporter l’errance, le désêtre, la déstabilisation, et de porter la naissance d’un dire. Nous avons affaire à des réalités matérielles non intégrées dans les réalités psychiques. Les réalités matérielles traumatiques donnent lieu dans certains cas à une élaboration par fomentation de symptômes, analysables pour certaines personnes. Mais pour d’autres, la situation est insubjectivable. Nous avons affaire à des bouts d’histoire retranchés, et non refoulés, qui n’arrivent pas à s’historiser, à entrer dans une élaboration subjective. Et la pratique du dire ne fonctionne pas ou pas bien. Quand le réel a fait irruption, ou quand, pour reprendre des termes de Françoise Davoine et Gaudillère, quand il y a « catastrophe du lien social » ou « catastrophe du symbolique ».

Les Innocents : « … l’innocent, celui qui n’est jamais entré dans aucune dialectique, n’en a littéralement aucune espèce de présence de cet être, il se croit tout bonnement dans le réel ».[1] « Des voyageurs sans bagages, sans patrie, sans itinéraires qui ignorent à ce point leur statut d’étrangers qu’ils ne se sentent jamais importuns, jamais responsables, jamais insignifiants »[2]. Tout bonnement dans le réel. Certains n’en sont pas loin mais jamais tout à fait. C’est impossible d’y être tout bonnement. Malgré tout, le symbolique est mis à mal, et nous avons à faire à une carence foncière de la catégorie de l’imaginaire, tout au moins sur le plan de la relation à l’autre. Nous pourrions aller jusqu’à parler de « destitution subjective avant l’heure », chez ces jeunes si peu parlant et tellement atteints. La rupture qui les habite atteint l’image narcissique, et les opérations de constitution de la fonction du Je. Pour les « innocents », pas d’ancrage identitaire. Pour que le MOI arrive il faut de l’image spéculaire et là le miroir s’est volatilisé, ou a disparu, ou n’est jamais venu… on ne sait pas très bien. L’atteinte de l’image narcissique entraîne l’absence de moi, prive du rapport au semblable, du rapport à l’Autre et provoque d’étranges asocialités par défaut de localisation de soi même et de l’autre. Le semblable n’est pas là, perdu, ou disparu…d’où des rapports aux autres dans la réalité très problématiques et souvent très violents. Sans pouvoir savoir si ceux que nous avons un temps nommé Innocents, ne sont jamais entrés dans une dialectique ou si cette entrée a été détruite ou fortement altérée par la rupture. Les évènements récents (lynchage pour un regard) illustrent dramatiquement les difficultés du rapport à l’autre et l’extrême fragilité du moi.

La violence qui était notre point de départ des interrogations, nous en avons beaucoup parlé la première année, mais elle reste en toile de fond de nos rencontres et de nos réflexions. Non pas comme un comportement à éradiquer, à juste contenir (du côté de la contention) mais comme indication d’une difficulté du rapport à soi-même, à l’altérité, au grand A … Au présent comme au passé l’histoire de ces sujets est pleine de bruit, de fureur, de malédictions. Ils sont habités par la rupture, et la rupture envahit tout, atteint tout et tous, avec comme devise « que ça ne marche pas ». Comment perfuser alors de la vie ? La violence comme seule modalité de rencontre possible avec l’autre… Tu m’cherches… qui signe une carence de l’altérité et une fragilité du moi. Là où le symbolique et l’imaginaire sont peu présents il reste le réel comme procédure d’inscription subjective. (Entendre les bruits du corps ; il faut chercher physiquement l’autre ; il faut que ça cogne…).

Violence du verbe : c’est fou le nombre de couilles qui se baladent dans l’univers, tout le monde en a malgré la casse dont elles font l’objet : « j’m’en bats les couilles, j’te casse les couilles tu me les… ». Ces expressions sont exemplaires de la violence destructrice qui atteint le corps propre et toute relation socialisée. Roland nous a exposé sa conjecture sur la topologie de la violence comme non réalisation de l’opération d’écriture : l’écriture du nom ne se fait pas.[3] Comment nouer ou dénouer ces affaires là ? Passer du n’EUX au NOUS ? Comment les faire entre dans une certaine collectivisation, socialisation ? Comment rendre des lieux habitables ? Connaissance paranoïaque du tout-petit.

Des socialités ils n’en sont pas tout à fait exclus mais socialités en marge, en grande marge, destructrices souvent pour eux-mêmes et les autres, du côté de la survie plus que de la vie, qui ne peuvent être rabattues trop vite à des choix de vie, à une affirmation de soi. Comment inventer des socialités autres, viables et vivables, non encombré par « Massen Psychologie » (Cf Freud). Avec le nœud borroméen, Lacan noue les trois dimensions qui fondent la subjectivité : R S I. Ces trois dimensions sont équivalentes mais « doivent tenir ensemble ». Quand les anneaux sont libres, c’est la folie… ou l’innocence… il en faut alors un quatrième, le synthôme pour restaurer la qualité borroméenne. La fabrication de nœuds borroméens, à partir de la séance de Lacan du (09/02/72) nous a plusieurs fois occupés.  Michel Thomé, le 7 mai 2011, et Michel Constantopoulos nous ont aidé ; Michel Constantopoulos nous a en particulier montré comment le style de Joyce dans Ulysse lui permet de ne pas être complètement fou (c’est son synthôme). Comment entrer dans un nouage donc ? Comment tisser du lien, et du lien passer au transfert ? (Car les deux ne s’équivalent pas). Pour qu’il y ait de la subjectivité qui prenne corps, il faut qu’il y ait du transfert et transférer du dire.  Nous sommes allez voir du côté du transfert psychotique avec le texte de Jean Allouch : « Vous êtes au courant, il y a un transfert psychotique ? »

Question du débordement… Accepter d’être débordé, d’encaisser les coups, de se faire agresser voire violenter ???? Pourquoi ? Jusqu’où ?  En quoi est-ce un temps nécessaire ? Sans être maso, ou dans une position sacrificielle…Là où on entend souvent « on n’est pas là pour servir de punchingball ». Je n’en suis pas si sûre…. Mais pas n’importe comment ni pour n’importe quoi. Supporter, accepter d’être débordé (débordement volontaire donc qui du coup n’en est plus vraiment un) dans une visée d’accueil et de contenance. Une jeune me criant dessus : « si vous êtes pas capable de supporter ça… » … Je lui devais d’être là à tout encaisser, supporter, voire en souriant et en lui restant disponible… Comment se tenir auprès de ces jeunes, de ces enfants, « hôtes non bienvenus dans la famille », pour reprendre le titre d’un article de Ferenczi, sans que l’on puisse distinguer, selon lui, la symptomatologie des enfants maltraités dès le début et ceux qui sont d’abord traités avec enthousiasme, voir avec un amour passionné mais qu’on a laissé tomber par la suite. « Comment introduire des pulsions de vie positives et de raisons pour la suite de l’existence ? » Ferenczi. Certains psychanalystes parlent de la dette de vie des parents à l’égard des enfants. Je n’ai pas retrouvé cette expression chez Lacan, je ne sais de qui elle vient au départ. Mais toujours est-il qu’elle peut être mise en lien avec la préoccupation maternelle primaire, avec la mère suffisamment bonne de Winnicott, avec ce qu’il faut pour humaniser un petit d’homme. C’est à travers l’acquittement par les parents de leur dette vis-à-vis de leur enfant que ce dernier contracte à son tour une dette. En donnant la vie biologique, les parents s’engagent à transformer cette vie de chair, en vie humaine : à travers suffisamment de sollicitude, de limites, de soins… pour qu’ils s’humanisent. Dette de vie : dette d’avoir à humaniser la vie biologique qui a été donnée. L’humanisation relève d’un entourage humain. C’est ce que les humains doivent à la vie pour que cette vie se transforme en vie humanisée de génération en génération. Passer de la zoé au bios. Le sentiment que cette dette a bien été acquittée, et que ce qui ne l’a pas été ne le sera plus, est une opération totalement subjective (on arrête d’attendre, de réclamer, de se plaindre…) indépendamment de son équivalence réelle. Cela dépend de l’idée que l’on se fait de ce que l’on aurait dû recevoir, et de ce que l’on n’a (pas) reçu. L’enfant devenu adulte contracte à son tour une dette de vie pour les générations à venir.

Cette dette non payée par ceux qui l’ont mis au monde, qui va la payer ? Les jeunes la reportent sur d’autres figures parentale (éduc, psy…) ou sur la société. Y sommes-nous prêts, comme dit, sans être sur un mode sacrificiel ? Que quelqu’un paye pour lui, avant qu’il puisse pouvoir assumer ses propres dettes. « Que quelqu’un reconnaisse une dette à mon égard et paye pour moi ». C’est à l’autre de payer en premier. Sinon il faut le faire payer. « Que l’autre commence par payer, et alors ma vie va pouvoir commencer ». « C’est l’autre qui me doit, toujours plus… et je le forcerai bien à payer ». Cette injonction à ce que l’autre paye, peut entretenir sans fin des dettes, d’argent, des prêts non remboursés, des comptes d’endettement et de vol. Cette idée que quelque chose lui est dû, fonctionne comme une ultime protection devant une situation désespérante d’abandon ou de démission parentale. Rejetés, lâchés, peu investis ces « hôtes non bienvenus dans la famille » sont atteints dans leur volonté de vivre. « Pourquoi m’a-t-on mis au monde, si on n’était pas disposé à m’accueillir aimablement ? » Ferenczi. Lorsque la dette de vie n’a pas été acquittée, par abandon, mauvais traitement, négligence, ceci entraîne une modification du rapport à la loi, bafouée par ceux mêmes qui devaient l’incarner, et du rapport à la parole : non tenue. Or le lien social nécessite que chacun se reconnaisse l’obligé d’un autre et s’engage à s’acquitter de sa dette à son tour.

Dans ce contexte là nous avons alors à faire à la tyrannie du DÛ. « On me doit », « il me faut » « j’ai droit à … », et tout de suite de préférence. Différer n’est pas possible. L’Otre est une vache à lait qui doit répondre dans l’instant à la demande. Ces demandes tyranniques ne sont pas inscrites dans un échange, il ne s’agit pas de demandes proprement dit, mais plutôt d’exigences qui s’imposent avec violence et chantage. « La rupture abolie la nécessité discursive (le conflit) elle laisse béant l’espace de la revendication tyrannique » Roland.[4] Cette posture tyrannique de revendications occupe l’espace, fait du bruit, paralyse l’autre, le persécute au point d’attaquer son engagement désirant, alors même qu’elle concerne des choses mineures ; elle fait écran. C’est pourquoi ce qu’on appelle bien trop facilement toute puissance, intolérance à la frustration, sert plutôt de cache misère et tente de masquer les rapports de « dessolation » dans lesquels ils sont pris, tant l’atteinte à leur honneur d’exister est grande. Pour les jeunes dont nous parlons, la dette n’ayant pas ou que partiellement été réglée, ils n’ont eux mêmes rien contracté et refuse de payer quoique ce soit. Mais est-ce possible de tout à fait s’en dégager ?  De se constituer comme non redevable de quoi que ce soit ?

Dans « les Formations de l’Inconscient », Lacan indique (séance du 12 février 1956) : « Le sujet dans son rapport au signifiant, peut de temps en temps, en tant qu’il est prié de se constituer dans le signifiant, s’y refuser…. Il peut dire : « Non je ne serai pas un élément de la chaîne ». … « Que fait un sujet à chaque instant où il se refuse en quelque sorte à payer une dette qu’il n’a pas contractée ? Il ne fait rien d’autre que de la perpétuer. Les successifs refus ont pour effet de faire rebondir la chaîne, et il se trouve toujours lié davantage à cette même chaîne ». Refuser la dette de vie, refuser de la reprendre à son compte, ne libère pas : le prix est plus lourd encore, ou va se payer sur un autre mode, peut-être dans le réel.  La question de la livre de Chair, dans le marchand de Venise de Shakespeare, pose la question de la place du corps, et du prix à payer dans le réel quand il ne peut être payé symboliquement…  En acceptant de s’endetter pour aider un jeune ami à conquérir sa belle, Antonio s’engage, selon les termes de la reconnaissance de dette souscrite auprès de Shylock, le prêteur, à laisser prélever sur son corps une livre de chair au cas où il ne rembourserait pas. Une livre de chair à la place de… Comment prendre en compte leur corps si jeunes encore et souvent déjà tant abîmés ?

Autre remarque de Lacan sur la dette, qui nous intéresse. « Or toute la chaîne de l’expérience ne peut littéralement se concevoir qu’à poser d’abord le principe que rien ne s’articule, et ne s’échafaude dans l’expérience, que rien ne s’instaure comme conflit proprement analysable, si ce n’est à partir du moment où le sujet entre dans un ordre qui est un ordre de symboles, ordre légal, ordre symbolique, chaîne symbolique, ordre de la dette symbolique. C’est uniquement à partir de l’entrée du sujet dans un ordre qui préexiste à tout ce qui lui arrive, évènements, satisfactions, déceptions, que tout ce par quoi il aborde son expérience – à savoir ce qu’on appelle son vécu, cette chose confuse qui est là avant –s’ordonne, s’articule, prend son sens et peut-être analysé »[5].

 

Notes pour le 24 novembre 2012

Don/dû Dû/don Din/don ou LA TYRANNIE DU DÛ. Acte 2

Cette réflexion fait suite à une période estivale de « Fréquentation très in tranquille » avec une jeune accueillie à Visa-Vie. In tranquille est peu dire : les images qui nous venaient relevaient plus du Tsunami, de 8 ou 9 sur l’échelle de Richter ; c’est au moins comme ça que nous le vivions. Et quand le temps était plus calme, c’est le terme d’incendie qui me venait. Pas une rencontre sans trois quart d’heure, voir une heure montre en main « d’incendie » -in-sans-dit – Temps pendant lequel je me faisais (même scénario pour ma collègue) incendier. Incendier : faire de violents reproches à quelqu’un. Tout et n’importe quoi servait de prétexte. Elle faisait feu de tout bois (et de toute brindille). Quand ça démarrait, et il y avait toujours un moment où ça démarrait, (au moins une certitude sur ce terrain mouvant) … la machine était en route, in arrêtable ; il fallait juste préparer la sortie de route pour limiter les dégâts. Reproches, invectives, injures qui portaient sur l’incompétence, l’incapacité, ce qui n’avait pas été fait, aurait dû être fait, là où rien n’avait jamais été fait pour elle, alors qu’on lui devait…. Ça lui était dû, elle était en droit d’exiger, et nous n’étions pas en droit de refuser, sauf « à aller se faire foutre bande d’enculés » … Le « on » ou le « nous » devenait vite un collectif indistinct fait : de « ma » personne, de ma collègue, des éducs, des psy, de Conseil Général, de l’État, des institutions… Présent, passé confondus, la temporalité n’existait plus : tout était rassemblé, condensé, dans un même temps : « vous n’avez jamais rien foutu, ces démarches auraient dues être faites y a des années, vous avez même pas été capables de les faire… », alors que l’accompagnement n’avait démarré qu’à peine un mois plus tôt. Et pas moyen bien sûr, à ce moment de la raisonner- l’arraisonner- de calmer le jeu, et encore moins de tenter de se justifier, pour un peu que la velléité nous serait venue : « taisez-vous, laissez-moi parler, vous avez rien à dire… et si vous êtes même pas foutue de m’écouter… »  Et je l’écoutais, à l’écoute non seulement du dire, mais aussi de la tonalité de la voix, de la tonicité du corps, qui m’aidaient à me positionner, la possibilité pour elle de « passer à l’acte » n’étant parfois pas loin. Et bien souvent, l’incendie finissait par s’éteindre (mais les braises n’étaient jamais loin de se raviver) pour se conclure sur quelques paroles ou minutes d’échanges plus posées. Et nous nous quittions le plus souvent sur une poignée de main qui indiquait que le fil, si ténu soit-il, n’était pas rompu.

Pour ceux qui se souviennent du documentaire sur Ph. Petit, (18ème séance), nous en étions au premier fil, prêt à se rompre à tout moment. Fatigue, épuisement, insomnies…et beaucoup de questions. Mais jamais seule… les haubans étaient toujours là. Et l’insupportable parfois, d’être juste « sommée de… » et de « m’exécuter », avec ce que ce terme contient d’effacement, voire de destruction, d’auto-destruction. « Si vous êtes pas capable de supporter ça… ». Je lui devais d’être là, à tout encaisser, supporter, si possible en souriant et en lui restant disponible… Que faire ? Comment poursuivre ? Accepter d’être débordée (débordement volontaire donc), d’encaisser les coups, de se faire agresser voire violenter ???? Pourquoi ? Jusqu’où ?  En quoi est-ce un temps nécessaire ? Sans être maso ou dans une position sacrificielle…sans vouloir réparer, penser faire mieux que les autres ? Là où on entend souvent « on n’est pas là pour servir de punchingball ». Je n’en suis pas si sûre…. Peut-être bien que si. Mais pas n’importe comment, ni pour n’importe quoi. Dans une visée d’accueil, de contenance, et de déplacement -transformation, peut-être possible.

Comment se tenir auprès de ces jeunes, « hôtes non bienvenus dans la famille » sans que l’on puisse distinguer, la symptomatologie des enfants maltraités dès le début, et ceux qui sont d’abord traités avec enthousiasme, voir avec un amour passionné mais qu’on a laissé tomber par la suite. « Comment introduire des pulsions de vie positives et de raisons pour la suite de l’existence ?» se demande Ferenczi[6]. Une foule de questions peuvent être posées : désirs, motivations inconscientes ; quelle place vouloir jouer, à réparer quoi ? …. Autant de questions partiellement justifiées mais qui en même temps :

1) permettent de ne pas s’y risquer

2) disent la méfiance par rapport à tout déplacement des cadres professionnels bien codifiés, des zones floues, des proximités indécises, des cadres qui oscillent…

Mais si nous tentons de penser, comme nous le faisons ici, une pratique de la fréquentation, de la déambulation, de « poitrine à poitrine » pour reprendre ce dont nous à parler Jean, concernant l’enseignement du Daf et du Tombac ; si nous acceptons de nous balader avec ces jeunes et aussi de nous laisser balader par eux… alors les paysages prennent une autre couleur.

En tout cas, je ne voyais pas comment faire autrement que d’être là, de « m’exécuter/m’effacer » régulièrement, d’être débordée (volontairement) et de servir de punchingball, d’occuper une place de déchet avant l’heure (fin de l’analyse) pour que quelque chose d’autre puisse « éventuellement ? » advenir pour elle ; qu’elle puisse sortir du ravage, « être moins ravagée ». Bien sûr, il aurait été possible que je crie plus fort qu’elle, qu’on joue les rapports de force (nécessairement en notre faveur), qu’on l’exclut. Mais cela aurait été rejouer la même partie qu’elle a toujours connue, là où elle nous attendait peut-être. Il était peut-être temps pour elle d’essayer de jouer une autre partition, ou d’entendre et d’inventer une autre musique. C’est au moins le pari que nous avions envie de faire. On pourrait nous demander ce que la psychanalyse vient faire là-dedans ? A tout le moins, je peux dire que c’est peut-être un effet de la psychanalyse de pouvoir se laisser embarquer dans ces affaires-là. Destitution subjective, évidement de l’être, place du déchet comme destin de l’analyste en fin d’analyse, ne sont pas sans lien avec ce que nous abordons, et le rendent peut-être possible. Il s’agit aussi pour nous de rendre possible le transfert (et pas seulement de créer des liens) pour permettre la naissance d’un dire.

« Pour que le don existe

comme tel, il faut que celui qui a donné oublie au plus vite avoir donné et

qu’en revanche, celui qui a reçu ne l’oublie jamais ».

De beneficiis. Sénèque

Avant de poursuivre du côté de la Tyrannie de DÛ, je vais faire un détour du côté du Don, pour avancer un peu plus dans la réflexion. Le don est suspect. Quand on parle de don, viennent les notions de gratuité, gentillesse, désintéressement, de non-utilitarisme (revue Mauss) voire de « pur amour » pour l’aspect positif. Le don porte les stigmates des rapports marchands ; il se présente comme le rêve inversé des rapports de force, d’intérêt, de manipulation et de soumission qu’impliquent les rapports marchands et la recherche du profit d’une part, les rapports politiques, la conquête et l’exercice du pouvoir de l’autre. Le don devient porteur d’utopie, il fonctionne dans l’imaginaire comme le dernier refuge d’une solidarité, d’une générosité qui aurait caractérisé d’autres époques de l’évolution de l’humanité. Sur le versant opposé : la suspicion (que me veut-on ? que me veut l’Otre ?) On parle de charité aussi, et dans le champ professionnel, d’implication trop personnelle « on sort du cadre ». Dans son écrit sur « l’Agressivité en psychanalyse », Lacan parle des « ressorts agressifs cachés dans toutes les activités dites philanthropiques », « des contre coups agressifs de la charité ».[7]

Don et Dette sont évidemment étroitement liés. Le don met en dette, dit-on, même quand on n’a rien demandé. D’avoir reçu la vie, que la vie vous ait été donnée, vous met en dette, « alors même que vous n’avez pas demandé à naître ».  (Obligation alimentaire, même à l’encontre d’enfants vis-à-vis de leurs parents alors même que ces derniers ne s’en sont pas occupés). Dette : de debitum : ce qui est dû ; participe passé de debere : devoir. Ce qui est dû, c’est ce qu’on doit me donner, ce que je suis en droit d’exiger, de réclamer, revendiquer, quitte à saisir les tribunaux si besoin. Mais qui fixe ? Qui décide ?  Selon quelle mesure ? Qu’est ce qui règle la circulation des biens, et les rapports d’échange entre les personnes, les groupes…. Etant entendu que les biens qui circulent ne sont pas que des biens matériels : on échange des biens, des objets, mais aussi des paroles, des invitations, du temps, des sourires… Plusieurs régimes règlent les échanges. Aujourd’hui, ceux qui dominent les sociétés modernes, sont les régimes d’échanges marchands, économiques, à l’aune de la monnaie : ça vaut tant : même le temps c’est de l’argent. Et les régimes contractuels et légaux : contrat de travail, contrat de mariage… La modalité du contrat a envahi le champ social : on signe un contrat avec les usagers, les jeunes accueillis en institutions, les demandeurs de RSA… « En contrepartie de l’aide fournie, vous devez vous engager à… »  Les termes du contrat sont censés fixer une certaine équivalence.

Troisième régime plus ancien, des sociétés primaires ou archaïques, c’est le régime du don qu’a étudié Marcel Mauss[8]. Sans entrer en profondeur dans l’étude du texte, de ses subtilités et des questions qu’il pose, j’aimerais vous partager toutefois certaines remarques. Dans un certain nombre de sociétés, la règle sociale fondamentale qui préside à leur construction, n’est pas celle qui préside à la construction de la société moderne, ce n’est pas celle de l’échange marchand ou contractuel, mais celle du don. Les échanges obéissent à la triple obligation de donner-recevoir-rendre. D.R.R. Au départ, ce don est un don agonistique, un don de rivalité. Le triptyque donner-recevoir-rendre, est une guerre de chacun contre chacun, de tous contre tous : guerre de générosité (apparente) qui n’a rien de charitable.  La règle sociale première est celle qui fait l’obligation de se montrer généreux. « Tous ces échanges », dit Mauss, « se déploient dans un climat d’hostilité constante ; à tout moment on est prêt à rebasculer dans la guerre pour de vrai ». Mauss décrit la pratique du potlatch, dans certaines sociétés. Dans le potlatch, il s’agit « d’aplatir son rival », de « le mettre à l’ombre de son nom » ; de montrer qu’on est supérieur en générosité, en puissance dominatrice ; qu’on peut l’humilier. Celui qui ne peut rendre, tombe sous le pouvoir de celui qui a donné. C’est un système des prestations totales, sans fin. On pourrait parler de tyrannie du Don.

Ce déplacement, loin de la charité, de la gentillesse ou du pur amour, est toutefois positif pour Mauss, car cette guerre de générosité qui se substitue à la guerre réelle, aboutit à force à transformer des ennemis en amis. À travers le don, c’est une fabrique du lien social, de l’association, de l’alliance qui est visée. Le pari du don, c’est d’être allié plutôt qu’ennemi. Ce qui fait le don, ce n’est pas tant la valeur de l’intention, que l’intention qu’il manifeste, la valeur symbolique plus qu’économique, « la valeur du lien plus que la valeur du bien ». Ce qui compte c’est le geste. Ambiguïté du don donc.  Il apparaît volontaire, spontané, mais est en fait rigoureusement codifié, obligatoire, sous peine de guerre privée ou publique. Deux mouvements opposés sont donc contenus dans un seul acte. Le don rapproche les protagonistes parce qu’il est partage, et les éloigne socialement parce qu’il fait de l’un, l’obligé de l’autre. Ainsi, le don est dans son essence même une pratique ambivalente. Ce qui élimine l’ambivalence, c’est la loi de la socialité secondaire, c’est le marché, le donnant-donnant ; on est quitte, on va se quitter chacun ayant reçu l’équivalent de ce qu’il a donné. La loi politique, la loi administrative est la même pour tout le monde. Si on se situe dans l’équivalence, il n’y a pas d’ambivalence : la loi, c’est la loi. Lorsqu’on en reste au contraire au niveau des relations intersubjectives régies par le domaine du don, l’ambivalence ne peut pas être expulsée parce qu’elle est constitutive de cette relation de don, qui la contient au double sens du terme. Tout le problème est donc de savoir comme l’aménager, quelle place peut-on lui attribuer. On trouve ce rapport dans l’étymologie même. Dans les langues germaniques anciennes le même mot, le même signifiant Gift signifie à la fois le don et le poison.

On retrouve cette dualité partout : on la retrouve dans le grec dosis, qui désigne à la fois le don, mais aussi la dose pharmaceutique de poison, qui tue ou guérit selon la dose, justement ; même chose dans pharmakos, dans pharmaka qui a le double sens là aussi de don, de médecine et de poison ; même chose encore dans le vieux français avec la potion pharmaceutique (du potard) qui est très proche du mot poison (potio). La potion c’est aussi le poison. De quoi s’agit-il dans tous ces exemples ? De ce sur quoi Mauss insiste, sans arrêt, dans son analyse du potlatch kwakiutl et dans son interprétation du hau maori : celui qui a donné quelque chose, quelque chose qui apparemment devrait faire plaisir, qui peut satisfaire le récepteur, donne en même temps, ce qui peut être la mort. En tout cas, il met à l’ombre de son nom celui qui a reçu le don, et donc il le place en position d’infériorité (minister) ; et éventuellement il annihile le sujet qui a reçu l’objet donné. A l’obligation de donner, répond l’obligation de recevoir. C’est la réception du don qui fait le don : « Sans la reconnaissance de celui qui a reçu un don, il n’y a pas de don ». « Je ne te dois rien » sous-entendu : « tu ne m’as rien donné ». Refuser de donner, comme refuser de recevoir, c’est comme déclarer la guerre ; c’est refuser, l’alliance. Mais accepter un don, c’est accepter que celui qui donne exerce des droits sur celui qui reçoit, donc accepter une certaine soumission. D’autant plus que dans ces systèmes, les objets ne sont pas désaffectés ; ils ont une valeur autre, les choses sont porteuses des âmes des donneurs. Le Hau maori : ce qui est donné à un pouvoir symbolique, la chose garde quelque chose du donateur. Par elle il a prise sur son bénéficiaire ; le hau poursuit le donataire. On mêle les âmes dans les choses, on mêle les choses dans les âmes : ce sont des mélanges qui transforment les uns et les autres.

Troisième obligation enfin : celle de rendre. Si on donne des choses et les rend, c’est parce qu’on se donne et se rend « des politesses » mais aussi et surtout parce qu’on se donne en donnant. Et si on se donne c’est qu’on se doit, soi et ses biens, aux autres. La dette oblige à re-donner mais re-donner n’est pas rendre, c’est donner à son tour.

Aujourd’hui, le don existe mais il est libéré de toute la charge d’avoir à produire et reproduire des rapports sociaux fondamentaux, communs à tous les membres de la société. Le don est devenu objectivement une affaire avant tout subjective, personnelle, individuelle. Il continue à être pratiqué là où il était de règle depuis des siècles dans les rapports de parenté et dans les rapports d’amitiés. Entre proches il reste une obligation. Il témoigne de cette proximité, par l’absence de calcul, le refus de traiter ses proches comme des moyens au service de ses propres fins. Ainsi dans notre culture le don continue à relever d’une éthique et d’une logique qui ne sont pas celles du marché et du profit et qui même, s’y oppose, lui résiste. Toutefois, comme l’efficacité du capitalisme n’a pas empêché l’accumulation des exclus et l’accroissement des fractures sociales et des fossés entre les nations, comme l’Etat entreprend aussi de se désengager de la santé et de l’éducation voir de l’économie, le don généreux est à nouveau sollicité, avec mission cette fois d’aider à résoudre des problèmes de société. Les organisations caritatives se multiplient, alors qu’au début du siècle MAUSS jugeait encore la charité blessante pour celui qui l’accepte. Le don en Occident recommence ainsi à déborder la sphère de la vie privée et des rapports personnels où il s’était retrouvé cantonné, à mesure que s’étendait l’emprise du marché sur la production et les échanges, et que grandissait de l’état dans la gestion des inégalités. Mais aujourd’hui, devant l’ampleur des problèmes sociaux et l’incapacité manifeste du marché et de l’Etat à les résoudre, le don est en passe de redevenir une condition objective, socialement nécessaire, de la reproduction de la société. Ce ne sera pas le don réciproque de choses équivalentes. Ce ne sera pas non plus le potlatch puisque ceux auxquels les dons sont destinés seront bien en peine de les rendre. Le don caritatif est donc en passe de s’institutionnaliser à nouveau.

Dette de vie (se référer à la séance précédente)

Don Dû/ Dû Don/Din Don

Proposition : peut-être faut-il accepter d’être le dindon. Accepter de payer, pour l’autre. Et que ça fasse partie du boulot… Je voudrai pour finir revenir à notre suite de lettre D.R.R. Les parents sont au départ : vie (biologique) donnée à un enfant. De cet ordre (ou d’un autre d’ailleurs ?) il est habituellement posé pour les enfants placés… que l’institution donne et l’enfant reçoit. Le donateur serait par définition l’adulte, le référent, l’institution – celui qui donne est celui qui a le pouvoir, aplatit son rival. Et on voudrait que le jeune reçoive, puis rende. « Avec tout ce qu’on fait pour toi… » Mais souvent « ils ne reçoivent pas », même quand ils ont signé un contrat ; ils prennent éventuellement ce qui les arrangent, mais pas ce que l’on voudrait leur donner (le cadre, l’éducation, la possibilité d’élaborer…). Ils n’acceptent pas le jeu de l’échange, du lien ; au moins pas toujours, et pour certains pas du tout. Mais je vous rappelle : « sans la reconnaissance de celui qui a reçu un don, il n’y a pas de don ». « J’ai rien d’mandé moi ». Et : accepter un don, c’est accepter que celui qui donne, exerce des droits sur celui qui reçoit, donc accepter une certaine soumission. Et là pour certains ce n’est pas possible. Deux pistes de réflexions :

1.Qu’elles seraient les conditions nécessaires pour permettre à ces jeunes de recevoir, d’assumer une certaine dépendance, d’être « à l’ombre de », quand le rapport à l’Otre est malmené, vite menaçant, dangereux ?

2.Il s’agirait d’inverser non pas l’ordre des lettres mais d’inverser les places et de penser que celui qui donne en premier c’est le jeune et non l’adulte, l’institution. Et ça change évidemment tout.

Dans ma proposition, celui qui donne est le jeune : avec sa façon d’être, sa possibilité relationnelle, ses cris, ses vociférations. Vociférer : « faire entendre des clameurs », pousser de grands cris » (vox et ferrer : porter la voix). Vociférations : cris, « paroles violentes, accompagnées de cris exprimant la colère ». Si quand un jeune crie, hurle, vocifère je m’attache aux mots, j’ai une pleine benne de gros mots, grossièretés, injures qui m’est déversée sur la tête … et « c’est pas bien » (ni agréable) ; les sanctions risque de tomber. Si j’entends ces mêmes mots comme une vocifération – cris, j’ai affaire à autre chose. A un appel, à l’expression d’une souffrance, d’un désarroi, d’une colère … Ce cri, cet appel est-ce que je le reçois ? Je peux ne pas accuser réception, faisant appel au cadre, à la loi… « pas payé pour ça ». Si je le reçois comme « un don », comme ce qui peut être donné, mis dans la relation à ce moment-là, c’est moi qui me mets dans la dépendance, d’être aplati, mis à l’ombre de son nom. C’est une servitude volontaire ; qui fait aussi le pari, après un certain temps où cette séquence se répèterait, qu’à un moment le « don » possible du jeune puisse changer de nature, et qu’il puisse accepter un peu ? beaucoup ? d’entrer dans l’échange et d’accéder à une socialité autre.

 

[1] Lacan, Les Écrits techniques de Freud, 30 juin 1954[2] F.Perrier, Fondements théoriques d’une psychothérapie de la schizophrénie

[3] R.Léthier, séance 2, CONJECTURE SUR LA VIOLENCE, à lire sur le site de Visa-Vie

[4] LETHIER-ROLAND-Arpenter-linhabitable.doc (live.com)

[5] J. Lacan, La Relation d’Objet, séance du 9 janvier 1957

[6] S. Ferenczi, « L’enfant mal accueilli et sa pulsion de mort », dans L’enfant dans l’adulte, Paris, Payot, 2006

[7] J. Lacan, l’Agressivité en psychanalyse, in les Écrits, éd Seuil, 1966,

[8] Marcel Mauss, « Essai sur le don. Forme et raison de l’échange dans les sociétés archaïques », paru en 1923-1924 dans l’Année Sociologique . Voir aussi : Revue du MAUSS semestrielle n° 8, 1996 2e sem.

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