Dépathologisation

Introduction à la rencontre avec Jean Allouch

06/12/2014
Sonia Weber

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Dépathologisation

Mot introductif :

Une amie, militante féministe, travaillant sur la question du genre et très critique vis-à-vis de la psychanalyse m’a transmis le texte de votre : « Dépathologisation : homosexualité, transexualisme… quoi d’autres encore ». En disant : enfin les psychanalystes commencent à bouger ; n’étant pas au courant de la collection « Les grands classiques de l’érotologie moderne » publiée par Epel. La lecture de votre intervention m’a donné envie de vous faire cette invitation, d’être là aujourd’hui pour échanger sur cette question –fondamentale- pour nous de dépathologisation. Terme que j’associe à celui que j’ai déjà utilisé plusieurs fois ici de « dé-normalisation ».

Cette question me tient d’autant plus à cœur que ce séminaire s’origine dans une pratique – analytique ? – je laisse la question ouverte- , avec des jeunes en situation de grande rupture sociale, qui ne rentrent comme disait Roland Léthier dans aucune catégorie… ils sont « hors ». Hors murs, hors cadres, hors institutions, hors normes, hors nosographies, … En fugue tout le temps, hors temps : ils ne s’inscrivent pas dans une temporalité, quelque part ils sont sans histoire, et pas là au rdv…ou rarement à l’heure fixée… Hors cadre : les institutions s’épuisent à essayer de les encadrer, faire rentrer dans un cadre pré défini à l’avance et face aux échecs ils n’arrivent plus à les encadrer (ils ne peuvent pas nous encadrer non plus), supporter. Ils sont d’ailleurs volontiers insupportables et pompent beaucoup d’énergie si on prétend vouloir (pourquoi ?) s’en occuper.

Dans le champ de la protection de l’enfance une des dénominations les concernant est : les incasables. Et on cherche à les caser. À la fois où les mettre : ils sont mineurs la société- le CG- est tenue de leur donner un toit et à manger et quel foyer, structure qui pourrait les garder (les protéger ? les accueillir ? les supporter ? les contenir ? les surveiller ????) Les caser dans une nosographie qui fait défaut ils sont définis par des in ou a : associable, incasables, inéducables… Pour ma part le terme d’incasable est pas mal si on ne cherche justement pas à les y en sortir pour les caser quelque part. Les caser c’est chercher à sortir de l’incompréhension, de l’insupportable de ne pas savoir comment faire, comment s’y prendre, quel que soit le corps de métier : éducateur, psychologues, psychiatres, psychanalystes chacun de leur place. Ils nous mettent tous en échec.  Incasables, ils nous convoquent à nous déloger de nos positions, de nos savoirs, de nos cadres, de nos « projets » pour eux… ça me semble être le seul mouvement possible pour tenter une éventuelle rencontre ? Ils nous donnent la chance de poser à nouveaux frais certaines questions qui peuvent intéresser la psychanalyse à partir de problèmes inédits, et d’interroger l’exercice même de la psychanalyse « sa pratique, sa clinique, sa doctrine, sa place dans le social » J.Allouch.

Cf. Eribon : minorités sexuelles minorité sociale. À propos de ces jeunes… érotique sauvage… rapport à l’otre

Pendant 4 ans ce séminaire s’est appelé : la ballade des Innocents. Problème du substantif : qu’il devienne une nouvelle nosographie, une nouvelle catégorie, qui convoque l’imaginaire…. (École de la cause). Séminaire : théorisation en creux, par la négativité… mais on ne sait pas dire positivement (pour ma part j’y mets un point de résistance). Et peut-être n’est- ce pas plus mal. On est en difficulté avec eux… sauf à les ignorer… À refermer les questions, à constituer un savoir on risque de refermer les questions qu’ils nous posent… où plutôt que ça nous pose ou que ça pose à la psychanalyse…

« Je propose que … la clinique psychanalytique soit une façon d’interroger le psychanalyste, de le presser de déclarer ses raisons ». J.Lacan

« La clinique psychanalytique doit consister non seulement à interroger l’analyse mais à interroger les analystes, afin de rendre compte de ce que leur pratique a de hasardeux, qui justifie Freud d’avoir existé » J.Lacan Ouverture de la section clinique 1er mai 1977.

C’est peut-être ça qu’on essaye de faire dans ce séminaire. Avec comme invitation que je retrouve dans vos textes à partir de la question du divers : d’une invitation à un retour à la chose freudienne.  D’autant plus important que nous naviguons ou pataugeons dans le champ social.

Décrit de façon phénoménologique…

Question du Divers.

Les tous

Autre chose que chacun…

Le Point de commun : pas de point commun ; un point commun

 

 

 

 

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