« La catastrophe d’être un humain, c’est d’être une créature irrémédiablement impuissante. Ce qui veut dire impuissante à faire quelque chose pour l’impuissance. Nous sommes impuissants par essence et c’est ce qui rend nos vies impossibles » [1]
Marche d’approche pour atteindre le point de départ de notre nouvelle ballade. On va jeter quelques jalons, proposer quelques pistes et prémices, à déplier ensuite, discuter, critiquer, éprouver au fil des séances. Chacun est invité instamment à amener des morceaux (mêmes petits) pour faire un patchwork collectif. Cette « référence » au patchwork –avec trous – a ceci d’essentiel qu’elle rompt avec la nécessité d’une théorie unifiante. J’ai quelques pièces dans ma besace. Mais la première n’est pas nécessairement la pièce centrale, ça se déplace. C’est un point de départ qui laisse ouverte une multiplicité de possibles et chacun pourra faire les assemblages qu’il veut….
Pourquoi « reprendre » le séminaire ? Ce séminaire s’est tenu, sous des dénominations différentes, de façon ininterrompue de novembre 2009 à novembre 2019, même si chaque fin d’année ramenait la question : est-ce qu’on poursuit ? Mais pourquoi ? Réponse : pour Visa-Vie, pour les jeunes.
2020-2021 : année du COVID, année un peu « extra-ordinaire » ; une ébauche de séminaire quand même – pas tout à fait dans la ligne des autres, toutefois : Banalité du Mal et Air du temps – en présentiel. Un « oasis », pour reprendre une idée de Hannah Arendt, en temps de pandémie et d’interdiction de se retrouver démasqués. 2021-2022 : par contre, impensé ; je n’ai plus de jus…. Pourquoi reprendre alors ?
Avant tout, je dois l’avouer : nécessité pour moi, quasi vitale à ce jour pour poursuivre mon travail à Visa-Vie, de me « remettre » à penser, de façon vivante et vivifiante. Pour résister, pour « respirer » comme l’écrit Amador Fernandez-Savater. Une façon aussi de sortir de 3 années « covidiennes », « d’écrasement », de fatigue, de lassitude. Distanciation, morcellement, isolement, effilochage… auxquels se sont rajoutés d’autres préoccupations éprouvantes. Impuissance/sentiment d’impuissance : il faudra faire la distinction. Il faudra aussi distinguer les expériences d’impuissance « réelle », individuelles et/ou collectives : qu’est ce qui relève du privé, du subjectif ? Qu’est ce qui relève du global, du collectif ?
Rappels de quelques points déjà connus de certains.
- Séminaire : terreau, humus qui a donné le jour non pas à Visa-Via mais aux dispositifs d’accompagnements des jeunes mineurs confiés par l’ASE. Donc : le séminaire a été 1er.
- Le séminaire a continué de nourrir ensuite la pratique à Visa-Vie, et en retour, les questionnements qui ne manquent pas de surgir de la pratique, les grandes difficultés auxquelles nous nous heurtons avec les jeunes ont nourri le séminaire. Pas une séance qui ne corresponde, pour moi au moins, aux questions que je rencontre au quotidien et au besoin de penser nos façons de nous y prendre, d’entendre, de « répondre » à ce qui vient, comme ça vient, de façon souvent chaotique.
Que serait Visa-Vie sans le séminaire, se demandait-on déjà en juin 2013 ? Quels risques ? Risques d’institutionnalisation massive, de routine, de tomber dans une « bonne gestion » : « ça marche, ça roule ». « Il ne s’est rien passé = tout va bien », pas d’incidents indésirables à signaler, et ça suffit. Plutôt arrêter alors, que d’être des gestionnaires (même bons) de jeunes en situations complexes. Comment garder, soutenir, maintenir au fil des ans et collectivement une pratique pensée, pensante, une pensée critique par rapport à nous-même et ce que nous faisons. Soutenir une élaboration qui ne fixe pas des savoirs ; se laisser toujours surprendre malgré la répétition… Nous « désassujettir » de nos propres « dogmes » et nos habitus parfois ritualisés. Une reprise du séminaire pour réinterroger nos « bases », nos présupposés, voire au besoin les subvertir ; pour passer nos réflexions et pratiques à la critique ; reproblématiser, re complexifier certaines questions (et même, soigner le complexe). Que nos savoirs (d’expérience), à partir de nos pratiques, ne se transforment pas en « savoir sur ». Et continuer d’inventer, d’expérimenter, d’ajuster, de découvrir, de nous laisser surprendre…
« Freud comme Lacan ont sans cesse eu à cœur de laisser ouvert le champ à l’inventivité et à la « réinvention » de la psychanalyse. « Open to revision » comme Freud le disait lui-même (en 1926 dans La question Profane, Paris, Gallimard, 1985, p 17) ». « Il ne s’agit pas, selon moi, de sauver Freud, mais simplement de revenir à ce qui a fait le tranchant subversif de l’invention de la psychanalyse, comme méthode et comme pratique »[2] Quel tranchant subversif dans nos pratiques cliniques aujourd’hui soutenons-nous ?
Une reprise de séminaire donc, pour que « Visa-Vie » résiste au penchant « naturel » de l’installation, de l’institutionnalisation, de la routine, et que nous ne cessions de nous remettre en cause vis-à-vis de notre propre rapport au savoir. Formuler des questions, évider nos savoirs, tâtonner… Mais penser. « Le discours de l’analyste doit se trouver, à l’opposé de toute volonté, au moins avouée, de maitriser. Je dis au moins avouée, non pas qu’il ait à la dissimulée, mais puisqu’après tout, il est facile de redéraper toujours dans le discours de la maitrise ».[3].
La question de la maitrise – (à l’ère des experts) – nous concerne d’autant plus qu’elle n’est pas sans lien avec la question de l’impuissance et ou du sentiment d’impuissance. Nous y reviendrons. Et nécessité de penser d’autant plus grande encore, que le thème de cette année, Impuissance(s), renvoie à des processus, des logiques qui mettent à mal, voire attaquent les possibilités mêmes de penser….
Impuissance(s)
Contexte Covid. Fermeture. Fermeture des frontières, limitation de circulation pas seulement physique mais aussi entre les personnes… en présence. Dématérialisation, webmaster, visio conférences… avec certains avantages certes, mais aussi beaucoup de « pertes », sans doute définitives. Isolement, repliement sur soi, transformation du rapport au monde, au travail, aux autres…Selon moi la période Covid a joué un rôle d’accélérateur, de facilitateur de processus déjà dans les rails depuis longtemps. Si les tous premiers mois ont pu être « d’espérance » – cf beaucoup de textes forts sympathiques sur l’occasion à saisir de changer de modèle et de monde -on en est semble-t-il revenu et des problématiques, déjà là avant 2020 apparaissent aujourd’hui de façon encore plus flagrante :
« Crise du Commun[4] », des institutions hospitalières, sociales et médico-sociales (mais aussi éducation, justice, police) rongées de l’intérieur par les nouvelles gouvernances, et le management entrepreneurial qui leur est imposé, et qui voient leurs personnels malmenés quitter le navire sans que d’autres ne viennent prendre la relève. « Ça ne sert à rien, on ne nous écoute pas ». J’ai beaucoup entendu cette phrase cette année ! Manifestations, burnout, minutes de silence pour la mort de l’hôpital public, rien n’y fait. Lassitude, épuisement.
Même si les constats ne sont pas nouveaux, la possibilité de trouver des chemins de traverse ou des interstices permettant la créativité se restreignent, générant l’impuissance des individus et des équipes professionnelles face à des systèmes qui les dépassent. Impuissance comme impossibilité à agir ou à encore trouver sens dans son travail, quand tout est bureaucratisé, protocolisé et quand la dilution des responsabilités prive de tout interlocuteur qui puisse répondre de quoique ce soit (H. Arendt). Se rajoutent dans le même temps les tourmentes de l’urgence des crises climatique, écologique, économique qui donnent corps à cette notion d’impuissance. Plainte collective … déprime généralisée… plainte individuelle…ambiance générale morose, « destruction » des services publics, plus de personnel…. De quoi tout cela est-il le symptôme ? Quel « Malaise dans la Civilisation »[5] ?
En 2018 nous avions organisé une journée d’étude à Strasbourg : « Résister, insister, inventer des possibles », suivi de deux jours à Cordoba- Argentine : « Mouvements minoritaires, Insistances, résistances locales ».[6] Il me semble que c’est une époque déjà lointaine et que depuis, les choses se sont encore compliquées. Cet été, en grimpant quelques cols alpins – ce qui remet chez moi la machine à penser : « penser n’est pas un sens de l’esprit, c’est un sens du corps » P. Quignard, on me parle de l’Art de Subir[7]. Et tout de suite ça accroche. La formulation et ce qui m’en est rapidement dit me semble une piste à creuser, et ouvrir des portes pour ne pas tomber dans la fautive dépressivité de l’abattement, de l’impuissance…
Impuissance : quand manquent les actes du subir. Nous verrons la distinction que fait Virno, entre les actes subis (et nous en subissons et supportons beaucoup sans rechigner) et les actes de subir. Pour Laure Barillas, philosophe, il y a une absence suspecte dans la philosophie politique et morale de ce concept (en anglais impotence). La philosophie s’occupe de la puissance, des effets de pouvoir, mais pas de l’impuissance. À partir de l’idée que l’impuissance est une forme d’inaction non désirée qui donne l’impression aux sujets sociaux d’être insignifiants, isolés les uns des autres et d’eux-mêmes, elle dégage une triple définition de l’impuissance :
- Définition subjective ou existentielle : incapacité à être soi-même (maladie, accident…) ; quand quelque chose nous arrive de l’extérieur et nous met dans l’incapacité à poursuivre la continuité de notre vie.
- Définition collective et politique : incapacité à agir ensemble ; phénomènes qui dans la démocratie empêchent d’agir ensemble (capitalisme avancé, réseaux sociaux…). Absence du Commun.
- Impuissance critique : incapacité à penser par soi-même, à forger ses propres jugements, et incapacité de la parole à avoir de véritables effets politiques.
Comment penser ces questions se demande-t-elle, par rapport à ce qui nous arrive aujourd’hui, dépassés que nous sommes par ce qui est nommé en termes de crises : crise climatique, crise économique, crise énergétique…. Mais aussi crise des vocations chez les éducateurs, les soignants. Comment récupérer les actes, et la puissance d’agir, quand les nouveaux modes de domination fabriquent de l’impuissance ?
Dans un article intitulé publié en mai 2019, sur le site Lobo suelto[8] : « L’impuissance comme levier », Amador Fernandez-Savater, philosophe espagnol écrit : « le néolibéralisme détruit les traditions et les rituels, les liens et les façons d’habiter le monde précapitaliste. La destruction des expériences – (qui aujourd’hui ne valent plus : flexibilité, permutabilité, agilité et adaptations permanentes…) – fait voler en éclat les garanties de sécurité – « savoir-faire, pratiques incorporées qui libèrent l’esprit) » … Les effets de ces destructions, déconstructions, Savater et le comité invisible, les appellent le Bloom. « Le Bloom, c’est le vide qui résulte de tout ça ». Ce qui constituait un sol ferme s’est modifié en sable mouvant. Plus rien n’est assuré, ce qui génère angoisse et crise des formes de vie marquées par l’étrangeté et l’absence. Un monde que l’on ne comprend pas, qui ne peut être contrôlé, se transforme en quelque chose d’étranger, et d’hostile, face auquel nous sommes en position d’extériorité : on ne se sent pas impliqué, on perd le goût de vivre, et donc on s’absente, on disparait, on s’efface, on s’anesthésie… S’absenter pour se protéger du monde illisible, sans confiance aucune en un moi fissuré. Une des conséquences de cela, selon Savater, est l’augmentation du recours aux thérapies en tout genre (et il semble effectif au moins en France et en Argentine pour ce que j’en sais, et notamment depuis le covid, que les demandes de consultations (!) sont en nette augmentation), et aux médicaments pour calmer ou remplir le vide.
Ce qui pose selon moi le souci de l’individualisation des problématiques qui relèvent de questions socio-politiques. Ce n’est pas nouveau de faire porter aux individus via des pseudos fragilités personnelles ou problématiques psychiques des questions sociétales, ce qui évite les remises en cause d’un certain nombre de faits de sociétés. De ce Bloom, de ce vide qui atterre, peut néanmoins sortir une force qui peut libérer non seulement la perte mais aussi une puissance. Puissance du vide, qui nous interroge sur le sens de nos activités, nos travails. Puissance du vide qui secoue nos automatismes quotidiens, installant des questions radicales sur le sens de nos vies. À partir de là Savater développera ce qu’il appelle une disposition à être affectés, comme levier…Nous y reviendrons sans doute quand nous aborderons l’Art de Subir.
Diego Sztulwark – philosophe argentin, dans une conférence que l’on trouve sur you tube (en espagnol) parle de la sensation (sentiment) réelle d’impuissance politique. Sztulwark définit l’impuissance politique comme l’absence d’efficacité politique dans le contexte généralisé d’aujourd’hui, où l’on ne sait plus comment faire pour proposer autre chose. Il y a un écart croissant entre la coopération extérieure (commerciale) et la précarisation des vies. Au niveau économique les possibilités de coopérations augmentent, mais nous sommes impuissants à les traduire en faits politiques. Tant de puissance dans le monde économique et tant d’impuissance dans la chose publique ! On retrouve là la question de la chose commune, du Commun. Sur ce sujet, on peut relire avec intérêt et parmi d’autres : Commun, de Pierre Dardot et Christian Laval, la Part Privée de Pierre Crétois, ou sur le site de Visa-Vie aussi, le colloque franco -argentin de novembre 2016.
Pour Virno, cette impuissance est prise dans l’arrêt de la collaboration sociale effective. Les collaborations sont seulement économiques. Tout est précarisé et marchandisé à l’intérieur du néolibéralisme mondialisé. Pour Sztulwark, l’expérience de l’impuissance n’est pas la cause, mais un effet, du néolibéralisme, totalement démobilisateur – qui du coup laisse le champ libre à son développement. Mais on n’arrive pas à s’organiser en dehors de l’organisation néo libérale. Ce sentiment généralisé est réel ! Impuissance réelle donc, non pas névrotique ou liée à une incapacité individuelle ! Mais les discours, sont faits pour aller dans ce sens- qui ne connait pas sa cause, se convertit en question personnelle, non causée par le néolibéralisme ou le contexte sociétal mondial. Incapacité, insuffisance, je/il/elle n’y arrive plus, burn out, suicide…. D’où aussi la question du traitement de ce malaise chez et par les psy… On retrouve la critique de la Fonction Psy chez Foucault.
Nous avons déjà parlé de cela dans le séminaire Banalité du Mal et Air du temps -je vous renvoie au livre sur le procès France Télécom : Personne ne sort les fusils de Sandra Lubert. En octobre 1998, sortait un livre d’Alain Ehrenberg, qui a fait grand bruit : « La Fatigue d’être soi »[9]. Il parle du passage de la névrose à la dépression. « Fatigue, inhibition, insomnie, anxiété, indécision : la plupart des difficultés rencontrées dans la vie quotidienne sont aujourd’hui assimilées à de la dépression ». Ehrenberg suggère que cette « maladie » est inhérente à une société où « la norme n’est plus fondée sur la culpabilité et la discipline, mais sur la responsabilité et l’initiative ; elle est la contrepartie de l’énergie que chacun doit mobiliser pour devenir soi-même ».
Avec « Happycratie, comment l’industrie du bonheur à pris le contrôle de nos vies », 2018, d’Edgar Canbans et Eva Illouz[10], nous avions vu que l’appel au développement des potentialités, au développement personnel n’avait de cesse de s’accroitre. La musique ambiante nous conditionne pour toujours plus d’ajustements, d’agilité, de flexibilité ; nous enjoint à être joyeux au travail, à toujours évoluer, à être notre propre entrepreneur, à repousser les limites par notre volonté… et à accepter toute nouveauté comme un progrès voire un bienfait, sauf à être considéré comme vieux, hors-jeux, réfractaire au changement. « On est dans un renouveau estampillé HAS. De toute façon, on n’a plus le choix. Quant aux équipes, elles apprendront, elles s’y feront. Elles détestent le changement, faut qu’elles s’y mettent, bon sang, y en a assez qu’elles se plaignent » dit une cadre à la superviseuse d’une équipe.
Nous n’aurions pas d’autres choix que de nous adapter, avancer, évoluer, accepter. Le TINA -There Is No Alternative – de Margaret Tatcher (1970). « C’est comme ça, faut faire avec ! » à propos de quoi est convoqué le Principe de Réalité, pour faire entendre raison. On file là du côté de la question du politique – non de la politique – mais aussi et surtout, parce qu’il est mis en cause par les différents auteurs que nous venons de citer, vers des fragments d’analyse du néolibéralisme. On pourrait me demander, comme cela l’a déjà été fait : qu’est que ça a à voir avec la psychanalyse ? D’autant plus que je ne suis ni philosophe, ni sociologue, ni économiste, ni historienne et que je survole un peu tout ça de haut. Cela n’empêche d’essayer de réfléchir … De surcroit il importe de rappeler que la psychologie individuelle est nécessairement aussi psychologie sociale, puisque toujours l’Otre (A/a) intervient. « En plaçant la psychologie individuelle au cœur de l’analyse des « rapports » que l’individu entretient avec des « modèles » (…) Freud considère que la psychanalyse ne peut se penser hors du social et des normes qui le constituent »[11] Double aliénation disait Oury : aliénation subjective (au langage, à l’Otre) ; aliénation sociale. Notre séminaire tente depuis ses débuts de tenir ces deux fils en même temps, à l’instar de notre pratique clinique à Visa-Vie.
[1] Adam Philips, in Trois capacités négatives, Ed de l’Olivier, 2009
[2] Laurie Laufer, Vers une psychanalyse émancipée : renouer avec la subversion, éd la Découverte, 2022
[3]Lacan, Séminaire Livre XVII, l’Envers de la Psychanalyse, Seuil 1991, p 79
[4] Cf, le colloque franco-argentin « Punto_Commun » sur le site de Visa-Vie
[5] Freud, Le malaise dans la culture, éd Puf, 2007
[6] À retrouver sur le site internet de Visa-Vie
[7] Paolo Virno, De l’impuissance, la vie à l’époque de sa paralysie frénétique, éd de l’éclat, Paris, 2022
[8] ¿La impotencia como palanca? El Bloom, el Comité Invisible y nosotros (1) // Amador Fernández-Savater – Lobo Suelto!
[9] A.Ehrenberg, La Fatigue d’être soi, éd Odile Jacob, 199
[10] 1ère séance Banalité du Mal et Air du temps, le 5 décembre 2021, à lire sur le site de Visa-Vie
[11] L.Laufer, op cité, p 120