Publics, témoignages et psychanalyse

Jornadas ¿Qué comùn ?

05/11/2016
Maria Martha Boccanera, María Capriotti et María Molas y Molas

Télécharger la séance

Publics, témoignages et psychanalyse

 

                                                                           “Lo que yo pienso, no lo he pensado solo”

Blanchot

 

I Introduction

Ce travail est né d’une question envoyée à Sonia Weber en janvier 2014. Au cours de son intervention, elle avait parlé d’une personne avec laquelle elle travaillait : Pourquoi, dans le séminaire de Cordoba, a-t-elle parlé d’elle, d’Angie ? Et j’ai transmis à Sonia les questions qu’a pu soulever l’utilisation du nom de sa patiente. En dialoguant par e-mails, j’ai essayé d’approfondir la question, qui crée des ponts avec le travail que je mène depuis des années[1] “Ces jeunes dont je parle n’ont pas de papiers, ils n’existent pas pour le système, et cela me rappelle mon travail avec les familles et les survivants de la dernière dictature militaire. Par exemple, quand on trouve les restes de quelqu’un et que l’on fait des cérémonies publiques où l’on parle de la personne et où l’on dit au revoir à cette vie humaine niée par l’État jusqu’à la mort (car être disparu c’est précisément cela, n’être ni mort ni vivant). Ou quand, pendant un procès, on déclare publiquement différents types de souffrances à travers les témoignages. En définitive, pour des faits qui étaient ignorés par ce même État jusqu’à il y a encore quelques années, avec les lois d’impunité[2]. En soi, je cherche à réfléchir et à interroger les effets que peut avoir ce « parler de ». Sonia m’a alors proposé de travailler sur ces questions et Maria C et Maria B se sont ajoutées.

Après plusieurs allers et retours entre le travail, les textes, les discussions, en faisant circuler différentes versions avec plusieurs personnes (des membres de la Rampa, et des présentations plus ou moins publiques), les Journées de Strasbourg nous ont donné pour tâche de mettre par écrit ce parcours de façon plus détaillée.

 

II Petit public et accompagnement

La traduction de l’article “Les publics de Freud” de Mayette Viltard intervient mi 2008 à partir de l’expérience du premier procès de crime contre l’humanité à Cordoba, et à partir des questionnements soulevés par le travail avec les témoins, les membres des familles et les victimes du Terrorisme d’État[3].

Au départ, il s’agissait simplement de témoignages judiciaires. Avec le temps, l’éventail de rencontres avec les victimes, qu’il s’agisse de témoins ou non, s’est élargi. Voici comment est présentée la traduction en espagnol : “Le dispositif créé lors de ce premier procès comprend que ce qui se produit entre le témoin et celui qui l’accompagne est une instance de rencontre. Une rencontre qui a lieu dans une situation particulière, celle d’un procès oral et public. Pendant ces rencontres et à plusieurs reprises, une parole dont on avait nié la valeur, l’existence, qui avait parfois été tout simplement réduite au silence a commencé à circuler. D’une certaine façon, au cours de ces rencontres, cette parole était validée, légitimée. Ainsi ce « petit public » ou « public restreint » qui est celui de l’accompagnement est l’étape préalable vers le témoignage devant le public large qu’est celui d’un procès oral et public.”[4].

Dans l’article cité, Mayette Viltard suit le fil de la question du public de deux manières : la correspondance Freud Fliess, et le mot d’esprit. Elle commence par distinguer deux types de public. “Freud, comme nous allons le montrer, cherchait un Publikum, mais la confusion est grande lorsque, en traduisant ce terme nous sommes amenés à employer le mot français public, car en allemand le public ce n’est pas seulement le Publikum, c’est aussi la Öffentlichkeit, le fait publique, la chose publique, l’opinion publique, issue de offen et de offenbar, ce qui est ouvert, notoire, manifeste. Freud n’attribue pas la même place à ces deux publics, le Publikum, choisi, et l’Öffentlichkeit, quelconque. En suivant le fil des lettres envoyées à Fliess, on peut suivre la construction de ce que Freud appellera Publikum”.[5]

Aujourd’hui, en prenant en compte l’article de Mayette Viltard et à partir de l’expérience vécue dans le travail d’accompagnement, on pourrait reformuler cette question en d’autres termes. La fonction de petit public qui apparaît parfois dans les rencontres avec différentes personnes, victimes du Terrorisme d’État soulève des questions. Ce sont des gens qui arrivent pour un dossier[6], une consultation ou pour un témoignage judiciaire. Souvent, les faits sont dramatiques. 40 ans se sont écoulés… mais les faits tournent, sont présents en permanence, il est impossible d’oublier. Il n’a pas été possible de parler. En général, ceux qui arrivent ne font pas de demande. Il y a une invitation, une disponibilité manifeste de la part des personnes qui les reçoivent. C’est alors que se produisent des rencontres, et que la parole s’ouvre. Ici, ils parlent de quelque chose dont ils ne parlaient pas autre part, ou dont ils n’ont jamais parlé. Parfois, ensuite, ils parviennent à parler avec quelqu’un d’autre. Comment appeler cela ? Des rencontres ? Un accompagnement ? Un traitement ?

Au cours de ces années de travail, je me suis rendu compte qu’accompagner en s’impliquant, se transformer en petit public, c’est être disponible pour écouter ce que ces personnes qui nous arrivent ont à apporter. Dans le même temps, être “engagé” dans le sujet, c’est quelque chose qu’il faut toujours expliciter. Loin d’une position de neutralité, les personnes qui consultent nous demandent “De quel côté es-tu ? » et chaque fois que cette question est posée, il est nécessaire d’établir une position par rapport aux victimes et aux bourreaux.

Par moments, et dans certains cas, on entre dans le traumatique. Je repense au témoin, qui travaillait à la morgue judiciaire du premier procès il disait ; “… j’ai un film dans la tête, qui passe tout le temps, les images, les visages de ces jeunes”. Sa proposition d’aider, sa tentative de faire quelque chose de ces images. Plusieurs années plus tard, j’ai appris qu’il était décédé. Dans notre travail avec ces gens, on peut parfois voir que quelque chose entre dans un autre registre. Un réel qui passe à l’imaginaire ou au symbolique. Les souvenirs deviennent flous, on peut oublier une date d’anniversaire, on peut écrire un livre, faire un mot d’esprit.[7]

Quelle est la fonction de celui qui écoute ? Il y a quelque chose qu’on reçoit, dont on valide la vérité, la valeur. Je ne peux cesser de le relier au témoignage judiciaire. Dans un procès, la parole a d’abord circulé dans ce petit public pour pouvoir ensuite passer au grand public de l’audience. Ces premières paroles, très chargées de douleur, de silences, de peurs, ont été essentielles dans le sens d’un premier passage de la parole, d’une rupture de l’isolement et du sentiment de solitude[8]. Ensuite, dans ces rencontres, on peut également parler, interroger, rompre le silence. Parfois, pour demander une loi de réparation, il faut sortir de l’obscurité une plainte qui n’a jamais été déposée, un délit jamais reconnu en tant que tel, il faut se reconnaître comme « une victime ». Quelque chose s’est passé…. Et ensuite pouvoir sortir de cette position de victime, bien sûr. D’autres se taisent à cette étape…. “Ils ont ruiné ma vie, aujourd’hui ils doivent me donner un travail, des allocations, tout”. Parfois, pour sortir de la place de victime, certains décident de se taire, de ne pas témoigner, de ne pas demander de loi de réparation.

 

III Témoignages dans les procès oraux et publics

Cet indicible dont nous venons de parler se joue certainement dans le témoignage et n’est pas étranger à notre travail dans les institutions.

Mais que se passe-t-il quand l’indicible du témoignage se joue dans le contexte des procès oraux et publics ? Il se passe ici quelque chose du passage dans le témoignage, quelque chose est « transmis » au public. Ces jugements sont ouverts à tous les citoyens, ce qui permet de supposer un large public (Offentlichkeit dirait Freud ?)

L’impossibilité de dire l’indicible, dans quelles conditions ? Disait Sonia, par rapport à un interlocuteur potentiel ? Des questions qui m’interrogent sur le travail en institutions mais aussi en cabinet : qui peut devenir un public pour qui, quand et de quelle manière ?

On peut penser que cette rencontre avec un petit public supposé avoir un certain savoir est un moment de passage à autre chose, comme l’accompagnement des témoignages avant les audiences d’un procès. Mais que ce passage vers un autre public plus général “porte les marques de ce dialogue” antérieur. Marta Iturriza[9] dit:

“La structure du mot d’esprit nous permet de penser le Publikum comme le lieu où se produit un dialogue privilégié. Publikum désigne donc un endroit, une dimension qui va bien plus loin que la personne… il met en jeu une temporalité rétroactive puisque, comme le mot d’esprit, on ne sait qu’il y avait un public qu’après.”  (…) “le public est un endroit vide et qui produit le vide… le dialogue entretenu produit un reste : les publications, les restes à partir desquels on détermine quel type de public était présent.”.

Lors des audiences publiques, dans certains témoignages, on trouve un peu de cela. On peut dire, en suivant l’écrit de María Molas et d’autres[10], qu’ils trouvent la possibilité de produire des “points de fuite” en lien avec la logique juridique. Je pense ici à l’idée selon laquelle ces mêmes points de fuite pourraient être considérés comme les “marques” qui indiquent qu’un Publikum était présent.

Des points de fuite qui peuvent être des actes, comme faire sortir les bourreaux accusés de la salle d’audience (ce qui suppose une certaine jouissance) ou une écriture : au milieu d’un jugement oral, un témoin dit “je vais lire quelque chose que j’ai écrit”, le juge rappelle que le procès est oral, mais accepte. Le témoin lit :

“L’omniprésence de la mort. Dans mon témoignage constant, ce qui apparaît quand je ne l’invite pas, celui qui s’assoit avec moi pour dire ce que je ne vais pas dire pendant le procès, parce que même si je le dis, je ne le dis pas vraiment, parce que ça ne suffit jamais, parce qu’il y a toujours davantage. Aujourd’hui, ma mémoire vacille. Julio Cortázar dit : “ La mémoire nous tisse et en même temps nous attrape selon un schéma auquel on ne participe pas lucidement. La mémoire ressemble à l’araignée schizophrène des laboratoires où l’on essaie les hallucinogènes et qui tisse des toiles aberrantes avec des trous, des reprises et des pièces rapportées elle travaille pour son compte, elle nous aide en nous trompant ou peut-être nous trompe-t-elle pour nous aider. ” [11].

Précisément parce qu’on ne peut pas dire… essayer d’écrire, ou d’appeler d’autres par l’écriture, Cortázar, Gelman… un artifice, dirait Semprun.

Comment un témoignage pourrait-il s’approcher de cette limite, au-delà de laquelle il y aurait un excès et choisir de ne pas dire, ou de dire d’une autre façon, comme pour échapper à la jouissance –dont la confession est, selon Lacan, ce qu’exige le discours juridique ?[12] Un témoignage averti de cet indicible « je le dis mais je ne le dis pas ». Peut-être qu’une rencontre préalable avec un Publikum permet à un témoin de devenir un peu son propre secrétaire (si on envisage la fonction de secrétaire comme celle qui détermine l’opportunité et inopportunité du dire, comme le propose Allouch[13]).

 

IV Petit public et la Rampa

À partir de ces questionnements, nous nous demandons : Comment le groupe de la Rampa s’est-il constitué en publikum ?

Il y a un savoir supposé qui fonctionne au-delà des réunions en elles-mêmes. Et pas pour ce qui peut se dire pendant les rencontres, mais parce que ce qui y circule est présent : au travail, avec les patients, pendant les réunions, et dans d’autres espaces (institutionnels ou non).

Je cite un extrait :

“Nous voyons en effet apparaître le public au moment où ce qui commence à être interrogé, c’est ce que l’un fait du savoir de l’autre.”[14]

Et cet élément qui réapparaît dans les circonstances les moins probables, c’est avec cela que je dialogue, que j’interagis, que je me dispute parfois… et je crois que OUI, il y a un choix, une décision de la partager à la Rampa.

Freud inventait, il cherchait une transmission. Le publikum et l’Ofentlichkeit nous font réfléchir aux espaces institutionnels, de travail, et de formation aussi.

La transmission, le passage, est-ce nécessaire dans le domaine du travail ? Qu’est-ce que cette chose qui circule, s’il y a réellement un processus social (si l’on suit un peu ce texte de M.Viltard) entre ceux qui s’occupent de quelqu’un, disons d’un patient? Même si nous ne lisons pas les mêmes livres, qu’est-ce qui rendrait une rencontre possible ?

 

V Point commun : une concordance qui relève du non-savoir

En suivant Freud autour du mot d’esprit, le publikum ou public choisi est le point de concordance entre la première et la troisième personne, en ce qui concerne trois processus sur lesquels la première et la troisième personne doivent se mettre d’accord : l’inhibition, l’étouffement et la répression.

Cette concordance (ou complicité également) relève non pas d’une “positivité”, non pas sur quelque chose que l’on possède, mais sur une certaine négativité liée au savoir, un “in” : l’inhibition, la répression, l’étouffement…C’est pourquoi, quand plus loin M. Viltard dit que le Publikum apparaît comme la condition indispensable pour que le processus social se produise, nous nous demandons ce qui se joue dans la communauté des analystes, quel commun y trouve-t-on. Nous revenons ici à la question du départ, parler en public de ce qui se passe dans la rencontre avec ce que Lethier appelle « l’inhabitable ».

Mayette Viltard dit : “Si on se laisse enseigner par le mot d’esprit, on constate alors qu’attirer le public sur le terrain du Publikum, c’est mettre en jeu tout ce qui résiste, s’oppose, fait barrage au savoir par la répression et l’étouffement. C’est dans ce sens que l’on peut lire cette phrase avec laquelle Lacan ouvre son séminaire Encore : “ « après-vous, j’vous-en-prie », « j’vous-en-pire », « passez-donc-les-près-vous… » (…) Et puis, je me suis aperçu que ce qui constituait mon cheminement c’était quelque chose de l’ordre du « je n’en veux rien savoir».  Le Publikum met en fonction la supposition selon laquelle il y a une concordance des répressions, des suppressions et des inhibitions du point de vue du savoir de la psychanalyse, une éthique commune de la psychanalyse, et une résistance face à cette éthique. C’est face à ce savoir que l’éthique de la psychanalyse fait que l’analyste n’en sait pas suffisamment sur la psychanalyse. Il est conduit, encore et encore, à devenir l’analysant, grâce au Publikum de son “je n’en veux rien savoir ! ».

Peut-être ce “in” est-il dans notre environnement ce qu’il est possible de transmettre ou de partager. Pour donner un cadre à l’inertie, à ce qui résiste au savoir de la psychanalyse, donner un statut au “non su” qui est nécessaire, indispensable dirons-nous. Nous aimons l’idée selon laquelle le commun ne prend pas ce biais. Blanchot dit “seule en vaut la peine la transmission de l’intransmissible”.

 

[1] Desde 2008, en el marco de lo que se denominó Plan Nacional de acompañamiento a victimas testigos y querellantes para juicios de Lesa Humanidad, trabajo para la Secretaría de Derechos Humanos de la Nación. Los primeros años el trabajo consistía básicamente en acompañar a testigos víctimas y querellantes a declarar en juicios orales de lesa humanidad.  Posteriormente, en el año 2010 se crea el Centro de Asistencia a Víctimas Dr. Fernando Ulloa donde se amplía el trabajo en asistencia y orientación en casos de lesa humanidad y de violencia institucional.[2] Avec le retour à la démocratie, fin 1983, le gouvernement de Raúl Alfonsín crée la CONADEP (COMISIÓN NACIONAL sobre la DESAPARICIÓN DE PERSONAS). Plus tard, en 1985, commence le procès des commandants, ou procès de la Junte. Ce premier gouvernement commence le travail de construction de la mémoire, de la vérité et de la justice, mais à la fin de son mandat, il fait marche arrière. Ainsi, c’est vers la fin du gouvernement d’Alfonsín que sont décrétées les lois 23.492. Extincition de la loi pénale (“réglement final”) et la loi 23.521 Devoir d’obéissance. Le président Menem qui succède à Alfonsín approfondit ce qu’on appelle la “Réconciliation nationale” en démarrant son mandat avec la sanction des amnisties. Ensuite, dans les années 1990, il poursuit tous les membres des juntes militaires, jugés lors des procès de 1985. En 1999 est signé un accord de solution amicale, créé après la demande déposée par une grand-mère, fondatrice des Grands-mères de la place de Mai auprès de la commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). Suite à cela, l’État argentin s’engageait à garantir une enquête pour obtenir la vérité sur les faits dénoncés dans le domaine de la justice pénale, même sans possibilité de sanction ou de condamnation. À partir de cet accord, les enquêtes pénales ont repris dans toutes les provinces sans possibilité de condamnation. À cette époque, les enquêtes sont appelées “Procès pour la vérité historique ». Pendant ces jugements, des personnes désignées comme responsables étaient citées comme témoins puisqu’il n’était plus possible de les poursuivre ni de les condamner. Elles devaient s’engager à dire la vérité sur tout ce qu’elles savaient sous peine de commettre le délit de faux témoignage. En mars 2001, dans le cadre de l’affaire « Simon », présenté par le CELS, le juge fédéral Dr. Gabriel Cavallo déclare pour la première fois la nullité des lois du Règlement final et du Devoir d’obéissance en affirmant qu’elles sont incompatibles avec les obligations internationales assumées par l’État argentin depuis l’élévation des Traités internationaux au rang constitutionnel suite à la réforme constitutionnelle de 1994. Cette décision est ensuite confirmée par la Chambre fédérale d’appel de Buenos Aires. Par ailleurs, le président Néstor Kirchner promeut la déclaration de la nullité des lois de Devoir d’obéissance et de Règlement final par le Congrès, et obtient gain de cause en août 2003. Ensuite, un jugement de la Cour Suprême déclare l’invalidité et l’inconstitutionnalité de ces deux lois, permettant la progression des enquêtes pour des délits commis pendant la dernière dictature militaire. En 2005, des demandes commencent à être déposées pour que les affaires en instruction passent en jugement. Depuis 2007, différents procès ont démarré dans tout le pays. Les affaires les plus connues sont : el Caso Simón, Batallón 601, Von Wernich, Etchecolatz, Centro clandestino ESMA, Primer Cuerpo, Plan Cóndor, Masacre de Margarita Belén, Masacre de Trelew, etc. . Dans la ville de Cordoba, c’est en 2008 que commence le premier jugement pour crime contre l’humanité. (fuentes: http://www.jus.gob.ar/derechoshumanos/memoria-verdad-justicia.aspx; https://es.wikipedia.org/wiki/Juicios_por_delitos_de_lesa_humanidad_en_Argentina)

[3] Sale publicado en Opacidaddes, revista de psicoanálisis N°8, año 2014; traducción de Mercedes Rodriguez Corral.

[4] Texto enviado a Juan Carlos Piegari (director de redacción de la Revista Opacidades), en el año 2011 para acompañar la traducción de Mercedes Rodríguez Corral.

[5] “Los públicos de Freud”, Mayette Viltard, Opacidades, revista de psicoanálisis N°8, año 2014; traducción de Mercedes Rodríguez Corral.

[6]En general consultan por las leyes reparatorias existentes. Ley 24043, ley 25914, etc. http://www.jus.gob.ar/derechoshumanos/atencion-al-ciudadano/politicas-reparatorias.aspx

[7] Mas adelante volveremos sobre esto.

[8] Es posible ver algunos extractos de testiminios en la página web: www.eldiariodeljuicio.com.ar

[9] Iturriza Marta, op. cit. pág 153.

[10] Molas y Molas y otros, : “Algunas particularidades de la experiencia de acompañamiento a testigos y querellantes en el primer juicio de lesa humanidad en Córdoba”, mímeo. 2010

[11] Será Justicia, Diario de los Juicios en Córdoba, nº 44, año vi, diciembre de 2014.

[12] Dans le séminaire Encore, on peut trouver ces affirmations de Lacan qui situent la question de la différence entre le témoignage juridique et un dire qui, par moments, parvient à faire passer autre chose, qui n’est pas une confession sur la vérité de la jouissance mais qui porte dans sa tension une vérité latente :  “ La vérité disons, pour trancher dans le vif, est d’origine, aletheia/aletia, sur laquelle tant a spéculé Heidegger. Emet, le terme hébreu qui, comme tout usage de ce terme de vérité, a origine juridique. De nos jours encore, le témoin est prié de dire la vérité, rien que la vérité, et qui plus est toute, s’il peut, comment hélas pourrait-il, toute la vérité sur ce qu’il sait. Mais ce qui est cherché et justement plus qu’en tout autre dans le témoignage juridique, c’est quoi ? C’est de pouvoir juger ce qu’il en est de la jouissance, et je dirai plus loin, c’est que la jouissance s’avoue et justement en ceci qu’elle peut être inavouable, que la vérité cherchée c’est justement celle-là plus que toute autre en regard de la loi qui, cette jouissance, la règle. …

Non pas cette vérité qui se prétend d’être toute, celle justement, celle à laquelle nous avons affaire d’un mi-dire, celle qui s ’avère se mettre en garde d’aller jusqu’à l’aveu, l’aveu qui serait le pire, celle qui se met en garde dès la cause du désir. ” .(Lacan, Jacques, Seminario Encore, clase del 20/03/73, versión crítica de Ricardo Rodríguez Ponte)

[13] AGREGAR CITA DE ALLOUCH, no lo veo citado antes

[14] Viltard Mayette, op. cit. pág.240

?>